A la découverte de « Et les femmes se sont tues », roman de Sabine MENGUE

Sabine MENGUE est une Camerounaise vivant en France depuis des décennies. Sa passion pour le roman, la poésie et le livre pour enfant est grande et intarissable.
Elle notamment publié :
• 2020 : Sen Ikanga. Recueil de poésies. Publié en autoédition, chez CoolLibri, France (250 exemplaires non destinés à la vente).
• 2021 : Posie Berry. Recueil de poésies. Publié en autoédition, chez CoolLibri, France (25 exemplaires non destinés à la vente).
• 2023 : Et les femmes se sont tues. Roman historique, publié en autoédition.

Son besoin de comprendre l’histoire de sa famille, et surtout une certaine partie de l’histoire de son pays, grandit de plus en plus.

C’est alors que la Mantoum reprend vie dans son esprit. Mantoum, une zone sombre de l’après-indépendance au Cameroun. Sa seule évocation pousse au recueillement, à des souvenirs que personne n’aurait aimé avoir enregistré dans sa mémoire. Mantoum et sa prison tristement célèbre.
Et Sabine MENGUE décide d’aller revivre cette histoire. Ses recherches la conduisent à divers niveaux de souffrances et de découvertes ; c’est ainsi qu’elle apprend ce qu’ont fait les femmes durant cette période. Des actions fortes menées depuis la cour d’André-Marie Mbida, qui ouvrent d’autres pages de son histoire, une histoire que les livres ne disent pas. Une histoire que l’histoire même a préféré taire.

La naissance d’un personnage
Afang est un adolescent de Yaoundé, né de l’esprit troublé et insatisfait de l’autrice. Ce garçon à la fois sage et rebelle, va prêter sa jeunesse et sa curiosité à Sabine MENGUE qui arrive à un point de sa quête où il lui est impossible d’aller plus loin ; son grand-père est décédé et elle n’a pas eu assez d’information concernant la période qui l’intéresse.
Afang, lui, a toujours son grand-père et est aussi intéressé par son histoire. Par ailleurs, l’équilibre de sa famille est menacé par des zones d’ombres lourdes de secrets. C’est donc ce jeune Afang qui va à la rencontre de l’histoire, dans une ville de Yaoundé qui lui ouvre des portes et des voies qui viennent bouleverser sa vie.
C’est ainsi qu’à travers ce jeune peu intéressé par les préférences ambiantes (bars, alcool, boîtes de nuit, drogue, sexe…), nous allons explorer des pages de l’histoire depuis la voix de ceux qui ont vécu Mantoum et ses contours au cœur des évènements.

Marguerite


Dans le champ des écritures pour la revendication de la place des femmes, nous rencontrons beaucoup de plumes qui se veulent féministes ; mais Sabine MENGUE ne s’y inscrit pas. Si sa démarche met en avant ces femmes restées fortes en temps de crise et ayant pris sur elles de mener des actions aussi audacieuses que périlleuses, c’est principalement parce que cela fait partie de l’histoire. Sans ce pan du périple, le voyage ne saurait exister ni être crédible.
Marguerite est d’abord le point d’équilibre de l’histoire ; elle est cette femme sans laquelle le parcours d’André-Marie Mbida est incohérent dans sa présentation. Elle est le point central, comme les autres femmes autour d’elle, des émotions de chaque homme traqué.
Le roman chargé d’histoire rend à la mémoire collective les pages écrites par les femmes durant l’après-indépendance. Comme partout dans le pays, celles de Yaoundé ont pris des risques inconsidérés pour soutenir des causes qui ont dépassé le cadre de l’amour pour un conjoint ou une famille.

Une écriture
Lire Et les femmes se sont tues, c’est marcher dans une plaine. Sabine MENGUE écrit comme un enfant avec des mots que chacun pourrait reconnaître. Sa grande culture de la lecture se dévoile au fil des pages, et il est aisé, naturel même, de parcourir ce roman d’une richesse remarquable.
Ce petit extrait nous en donne un aperçu : « Ange ne savait pas que Marguerite était la femme de cet homme dont elle avait entendu parler et dont elle admirait la détermination. Si bien que lorsqu’elle lui fut présentée, ainsi qu’aux autres membres du PDC, elle n’en revint pas. Elle était rentrée ce soir-là, tout excitée et n’avait pas arrêté d’en parler. Je l’écoutai avec intérêt et admiration. Ma jeune femme brûlait du feu de l’engagement politique et citoyen. Elle voulait agir, et moi je tremblais pour elle et lui opposai un refus catégorique. Mais c’était sans compter sur sa détermination.« 

Ce roman est un appel à se retrouver et envisager une reconquête de sa propre histoire. A un moment où le repli identitaire se fait plus insistant, il apparaît vital de savoir où se tenir pour mener une action capable de porter des fruits.
Et les femmes se sont tues indique clairement l’importance de plonger dans le passé, si douloureux soit-il, pour retrouver la confiance en soi et la détermination nécessaire pour se réaliser dans cette démarche d’abord individuelle puis commune.


A lire absolument !

Amon Xander


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